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MSA La détresse morale après trois ans de crise

Pascal Cormery, président de la MSA. © C. Faimali / GFA

Beaucoup d’agriculteurs se retrouvent dans un système où « plus ils travaillent, plus ils s’enterrent », a affirmé Pascal Cormery, le président de la MSA, à l’AFP, le 26 février 2017.

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La crise, le président de la MSA « ne parle que de ça » depuis qu’il a pris ses fonctions en 2015. Lui-même agriculteur, Pascal Cormery met aussi en cause « le coût de la mécanisation agricole dans les exploitations », « deux à trois fois supérieur » à celui des autres pays européens. La MSA est aux premières loges de la déchéance sociale vécue de façon honteuse et solitaire par une partie de ses adhérents.

Moins de 354 € par mois

En 2016, « plus de la moitié » des agriculteurs ont eu un revenu annuel imposable inférieur à 4 248 €, subventions européennes comprises, soit moins de 354 euros par mois. Ils étaient déjà 38 % en 2015.

Comment vivre avec si peu ? « Ceux qui ont du terrain vendent une parcelle, mangent les économies quand ils en ont, ou s’endettent encore plus », résume-t-il, en s’inquiétant de la « différence de traitement » entre départements pour l’éligibilité au RSA des agriculteurs.

« On a des gens qui ont abandonné la vie normale, certains n’ouvrent plus leur courrier depuis deux ans », raconte-t-il. L’épuisement moral s’associe souvent à une pudeur qui confine à la fierté. « Dans la Région Centre, nous avons proposé de monter un dossier auprès de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat à une famille dont la maison en état d’abandon était devenue insalubre. Ces gens ont refusé. Et pourtant les portes ne tenaient plus debout, il n’y avait pas de chauffage », dit-il.

Appel à l’aide

En 2016, le nombre d’appels à l’aide enregistrés sur la plateforme téléphonique de prévention du suicide mise en place par la MSA, a plus que doublé : 2 664 contre 1 219 en 2015. La situation est d’autant plus délicate à gérer que les situations s’enveniment lentement. La dépression de certains a des répercussions sur le troupeau. « Je suis intervenu dans une ferme où 30 vaches étaient mortes de faim, de soif, d’absence de soin, l’éleveur n’était plus en situation psychologique de faire face », confie un vétérinaire du salon.

Conséquence de ces drames en chaîne, la MSA qui a mis en place différents programmes d’aide, se demande comment elle va se financer. Le montant des cotisations encaissées, indexées sur le revenu imposable, chute. « En 2016, nous pensons perdre 2,15 milliards d’euros en cotisations, soit une chute de 26 % par rapport à 2015 », dit le président de la MSA.

AFP

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